
Les pionniers du bloc
« Les premiers grimpeurs de bloc étaient surtout des alpinistes qui cherchaient à s’entraîner avant de partir gravir les montagnes.
La forêt de Fontainebleau, près de Paris, est le premier grand site de blocs fréquenté depuis la fin du XIXe siècle par les montagnards citadins pour se mettre en forme et se préparer à l’alpinisme. Beaucoup de ces premiers Bleausards, – c’est le nom utilisé pour désigner les grimpeurs de Fontainebleau – sont devenus de grands noms de l’alpinisme. Jacques de Lépiney, un brillant alpiniste, a eu l’idée de troquer ses grosses chaussures à clous pour des espadrilles à semelles de corde, comme les grimpeurs Italiens. Il a donné son nom à une Aiguille de Chamonix : La Pointe Lépiney.
Un peu plus tard, vers 1936, un autre célèbre grimpeur, Pierre Allain, mordu par le jeu de l’escalade de bloc, crée le premier chausson d’escalade avec une semelle en caoutchouc. Grâce à une meilleure adhérence des semelles, le niveau monte et des passages de niveau 6 sont franchis. Dans les années 1960, l’Américain John Gill, ancien gymnaste, capable de faire plusieurs tractions sur un seul bras, apporte de nouvelles façons de gravir le bloc. Il introduit le « mouvement dynamique contrôlé » ou plus simplement le « jeté », pour grimper plus dynamique et économiser de la force pure. Il promeut aussi l’entraînement et fu t le premier à résumer les mouvements d’escalade à une simple gymnastique sur un plan vertical ou déversant. Grâce à lui, le bloc va devenir une activité à elle seule. De la gymnastique, John Gill amena aussi l’usage de la magnésie pour diminuer la transpiration et améliorer l’adhérence des doigts. Aujourd’hui, la pratique du bloc est très répandue dans le monde.
Les chaussons
Entre 1850 et 1930, la majorité des grimpeurs s’entraînaient à grimper avec leurs chaussures de montagne, des souliers à semelles cloutées. En plus d’être lourdes, les pointes ferrées des semelles glissaient et dérapaient sur la roche. Ces pionniers de l’alpinisme préféraient parfois grimper pieds nus ou en chaussettes plutôt que de risquer la glissade ! L’idée de ne plus grimper en rocher avec ces chaussures cloutées est venue des grimpeurs Italiens, vers 1900. Pour gravir leurs fameuses parois des Dolomites, situées dans les pré-alpes Italiennes, où il n’y a pas de glacier, ils ont utilisé des espadrilles à semelles de corde, les premiers « chaussons d’escalade ». Ces grimpeurs Italiens les appelaient scarpe da gatto, chaussures de chat. Devenus légers et agiles, comme des chats, ils ont réalisé les plus grandes, les plus audacieuses ascensions de l’époque. Cette période marque le début de l’escalade moderne.
Pour améliorer l’adhérence des semelles de ces chaussures de chats, plusieurs matières ont été essayées : lin, laine, paille, chanvre, fibres d’aloès jusqu’à ce qu’un Allemand, Hans Kresz, ait l’idée de compresser du feutre (1910). Cette innovation a permis aux grimpeurs de gravir des passages encore plus difficiles. Grâce à cette invention le sixième degré est né.
C’est donc Pierre Allain qui eut l’idée de la première semelle en caoutchouc en 1935, ce qui lui permit grâce à cette meilleure adhérence de franchir des passages très difficiles et de devenir le meilleur grimpeur de sa génération. Il a commercialisé ces nouveaux chaussons en 1947 sous les initiales de son nom : PA. Après quinze années, le chausson a changé de nom pour prendre celui de EB les initiales d’Édouard Bourdonneau, bottier, ex-associé de Pierre Allain. Pendant presque 34 ans, les EB étaient la seule marque de chaussons sur le marché de la grimpe. Cette prédominance a pris fin en 1981, à la découverte de la gomme résinée par des grimpeurs espagnols qui souhaitaient améliorer l’adhérence de leurs chaussons pour gravir les célèbres dalles de la Pedriza, un massif granitique à côté de Madrid.
Pour tester d’autres types de gomme, ils sont allés dans un entrepôt de recyclage de vieux pneus. Celle des pneus d’avion, appelée par ces grimpeurs espagnols goma cocida, s’est révélée beaucoup plus performante que celle des EB. Miguel Angel Gallego, célèbre alpiniste espagnol, a eu l’idée de l’adapter sur les chaussons de la marque « Boréal ». Depuis 1981, une quinzaine de marques ont vu le jour. Chaque marque essayant d’innover encore et toujours pour améliorer la performance du chausson pour tous les types d’escalade. Il y a ainsi dans le commerce une multitude de choix : des chaussons, des ballerines, à lacets ou à Velcros, asymétriques ou droits, etc.. Tous ces chaussons sont peu confortables et très difficiles à porter une journée entière. Pour ton confort, prévois toujours une autre paire de chaussures pour marcher ou même pour te relaxer les pieds entre deux voies. »
Pour en savoir plus, retrouvez la suite dans « L’escalade, tu connais ? » de Catherine Destivelle
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